DAN
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Comment
en êtes-vous arrivé à faire du Street Art ?
J'ai
découvert le graffiti quand j'avais 12 ans, quand le Hip-Hop est
arrivé en France en 1984. L'énergie du Hip-Hop était plus sympa
que toutes les autres choses qu'on nous proposait à l'époque, alors
forcément je m'y suis intéressé et j'ai commencé à faire des
portraits, à peindre sur les murs.
Faites-vous
passer un message à travers vos œuvres ?
Au
début, non, je faisais seulement des portraits de musiciens que
j'appréciais ou des portraits de mes proches. Mais depuis deux ans,
j'essaye de faire passer un message. Récemment j'ai fait toute une
thématique autour des yeux, qui voulait dire : ne croit pas
tout ce que disent les médias, recherche par toi-même, fais toi ta
propre opinion. On vit à l’ère d’internet, c’est une chance
unique pour développer sa propre opinion.
Images
prises par nous mêmes dans son atelier.
Vous
peignez souvent en jaune, violet, rouge ou encore bleu, pourquoi
avoir choisi ces couleurs ?
C'est
pareil c'est lié à la musique, j'écoute énormément de musique
black : soul, funk, jazz, hip-hop... Elles représentent des
couleurs extrêmement chaudes, donc j'ai repris ces codes couleurs.
Préférez-vous
exposer vos œuvres dans des galeries d'art ou peindre dans la rue ?
Je
préfère peindre dans la rue, ce n'est pas du tout la même
démarche, dans la rue tu dois t'adapter au support alors qu'en
galerie tu peins sur une toile, c'est fermé. Dans la rue selon sur
quoi tu peins, cela fera partie intégrante du graffisme de ton
œuvre. La peinture respire beaucoup plus car il y a un cadre autour,
puis tout simplement car les gens ne vont pas dans des galeries la
plupart du temps, ça me permet donc de montrer mes œuvres à un
plus grand nombre de personnes.
Quand
on vous propose un projet, comme la fresque à Rivétoile ou le
festival Djerbahood, est-ce qu'on vous laisse libre choix sur le
sujet ?
Cela
dépend, à Djerba comme c'est un pays étranger, tu présentes des
avants-projet, tu parles avec les gens de là-bas pour trouver une
idée pertinente et qui va susciter le débat, l’idée se construit
dans l’échange.
Mais
pour Rivétoile, j'ai vraiment fait ce que je voulais.
Images
prises nous mêmes à Rivétoile
Quand
vous peignez dans la rue, est-ce que vous choisissez à l'avance le
mur sur lequel vous allez peindre ?
Oui,
souvent je circule, je regarde, je ne vais pas peindre sur un mur
blanc, ça ne m’intéresse pas. Un propriétaire n'a pas forcément
envie que je lui bousille son mur avec ma peinture donc j'essaye de
chercher des murs dégradés ou laissés à l'abandon.
Avez-vous
déjà eu des problèmes avec la police ?
Oui
souvent, mais comme je choisis des murs abandonnés, que je peins des
portraits pas juste des tags, qu'en plus je peins en plein jour, je
leur explique ma démarche et donc pénalement ils ne peuvent pas
faire grand chose contre moi. Mais des fois ils n'ont pas le choix,
s'il y a eu une plainte. Si le propriétaire du mur à laissé son
mur à l'abandon et qu'il pose une plainte contre moi, je réponds qu'il peut aussi porter plainte contre ceux qui ont collé des
affiches ou dégradé son mur avant moi.
Vous
peigniez donc le jour ?
Oui
la lumière du jour et plus agréable, en plus la nuit il fait
froid !
Récemment
nous avons vu un film « Vandal », les personnages
principaux eux peignaient la nuit.
Car
justement eux, ce sont des vandals, leur but est de défoncer les
murs, et non pas forcément une recherche esthétique. Moi je fais la
démarche inverse, je ne cherche pas à vandaliser mais plutôt à
redonner du sens et de la beauté à des murs abandonnés en
réalisant des portraits pour être accessible à tous. Mais l’esprit
vandal fait partie de la culture street art, c’est une des
branches.
Gagnez-vous
votre vie grâce au street art ?
Oui
oui, je ne fais que ça.
Considérez-vous
vos œuvres de rue comme des œuvres éphémères ?
Oui
bien sûr, c'est le but, si des gens veulent détruire mon œuvre,
ils le font.
Votre
définition du street art ?
Pour
moi je pars du principe que tout artiste ou tout musicien devrait
aller dans la rue et faire des trucs gratuits. Mais on vit dans une
société où tout ce monnaye, faire quelque chose gratuitement n'a
pas de sens. Pour moi, tu te dois de faire ce type de démarche. Le street art c'est donc ce que tout artiste devrait mettre en oeuvre,
montrer ce qu'il sait faire dans la rue, c’est une manière d’être
acteur de sa ville, de se l’approprier.
STOUL
Comment
en êtes-vous arrivé à cet art ?
Depuis
toute petite je voulais exercer le métier d'artiste peintre. J'ai
fait des études d'art à l'école Boulle où j'ai appris à
travailler le métal. A la fin de mes études j'ai commencé à
m'installer dans des squattes d'artistes où je croisais fréquemment
des graffeurs et des street artistes au début des années 2000. En
2006 j'ai rencontré mon mari qui est graffeur, il m'a aidé à
maîtriser la bombe de peinture, un outil qui m'a beaucoup intéressé.
Faites-vous
des croquis avant de peindre dans la rue ?
Cela
dépend, mais la plupart du temps quand je trouve un endroit par
hasard, quand je suis en déplacement, j'ai tendance à reproduire
des dessins que j'ai déjà réalisé en les modifiant.
Avez-vous
un atelier ?
Oui,
c'est
important d'avoir un endroit dédié entièrement à mon travail.
Dans mon atelier je peins et prépare mes projets, j'y reçois aussi
mes partenaires et les personnes qui souhaitent me rencontrer en
dehors des événements.
Comment
choisissez-vous les endroits où vous peignez ?
Je
peins le plus souvent dans des friches industrielles ou dans des
lieux abandonnés, connus par mon crew les 7MR, qui sont composés de
graffeurs vandals. D'autres fois je prend des photos à l'avance de
l'endroit que j'ai choisi ou je peins directement dans un endroit
trouvé par hasard.
Vous
exposez aussi dans des galeries d'art, préférez-vous la rue ?
C'est
impossible pour moi de choisir. Dans la rue j'ai pu me faire
connaître, exposer mes oeuvres aux yeux de tous, mais cela reste
gratuit, je n'y gagne pas ma vie. Dans les galeries je vends mes
tableaux, l'un et l'autre sont complémentaires.
Faites-vous
passer un message à travers vos œuvres ?
Oui,
la féminité, la beauté des femmes. En tant que femme je montre
également que nous sommes fortes et que nous arrivons à faire
pleins de choses.
Peinture
de Stoul
Avez-vous
eu du mal à vous intégrer dans ce milieu comme la majorité des
street artistes sont des hommes ?
Non,
pas du tout, même si nous sommes moins nombreuses, j'ai de très bon
rapport avec mes confrères.
Avez-vous
déjà eu des problèmes avec la police suite à des peintures
urbaines?
Oui,
maintenant
j'essaye d'avoir des autorisations afin d'éviter au maximum les
problèmes, mais ce n'est pas toujours évident...
Pourquoi
avez vous choisi de ne pas rester dans l'anonymat ?
Car
avant de commencer à faire du street-art j'avais déjà des photos
de moi sur internet, alors si on voulait connaître mon identité, en
cherchant bien on la trouvait, ce ne serait donc pas logique de me
cacher maintenant.
Considérez-vous
vos œuvres comme éphémères ?
Oui
bien sûr, je sais que quelques minutes plus tard un graffeur peut
très bien venir et recouvrir mon œuvre ou le propriétaire du mur
peut venir l'effacer.
Est-ce
que ça vous dérange quand d'autres street artistes viennent peindre
au-dessus de vos œuvres ?
Cela
dépend, si c'est un tag, un graffiti peint en plein milieu de mon
œuvre, oui ça me dérange, mais si c'est une œuvre qui recouvre
entièrement la mienne, c'est le jeu. Après si je me suis cassée la
tête à chercher un bon spot ça m'énerverait de voir ma peinture
recouverte.
Votre
définition du street art ?
Je
le définirais comme un mouvement artistique contemporain qui fait
parti de l'art urbain. Une catégorie d'art qui recouvre beaucoup de
domaines dont le street art. Les street artistes sont majoritairement des artistes qui, selon moi, peignent dans la rue, en
recherche de notoriété, pour donner de la valeur à leur travail
d'atelier, avec
Internet en prime, la rue est l'un des meilleurs moyens pour
communiquer au plus grand nombre. Mais je ne réduis pas la démarche
à ce seul leitmotiv, il y aussi la revendication, le partage,
l'humour, l'esthétisme et beaucoup d'autres motivations. Les Street
Artistes prennent beaucoup de risques légalement et physiquement
pour offrir leur œuvres. Avant tout, je dirais que le street art
c'est une liberté d'expression Démocratique.
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